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1915 - Paris - Usine Panhard & Levassor. Fabrication d'obus explosifs. Chariotage avant la trempe.

#40.1

En 1910, lors de la seconde internationale socialiste des Femmes, Clara Zetkin, une journaliste allemande, proposa l'institution d'une journée internationale des femmes, le début d'un long et inachevé chemin vers l'égalité.

En 1909, les institutrices avaient obtenu le même salaire que leurs collègue masculins et le port du pantalon cessa d'être un délit ce qui permit à ces dames de rouler à bicyclette et monter à cheval …

Pour autant, à l'époque, on estimait toujours malséants pour une dame de se livrer à certaines pratiques sportives ou à exercer certains métiers. Aux jeux olympiques de Paris en 1900, on ne comptait que 22 athlètes féminines inscrites dans les épreuves de tennis, croquet, équitation, voile et golf …

Mais en temps de guerre, elles avaient non seulement le droit mais aussi le devoir de travailler comme les hommes, à la place des hommes dans les usines. Et, les usines d'armement tournaient à plein régime. Ainsi des légions de « munitionnettes », « d'obusettes » se relayaient-elles pour de périodes de 10h à 14h, de jour comme de nuit, debout sur les différents postes de travail pour produire des obus, grenades et toutes espèces de munitions.

Hors les cadences de travail, il leur fallait à longueur de journée porter des charges lourdes,  manipuler des produits toxiques, usiner, emboutir, tremper, souder du métal … sous la menace d'explosions accidentelles. Et pour ce qui était du salaire, dans une fabrique d’obus, un garçon de 15 ans touchait de 12 à 15 francs et une mère de famille de 5 à 6, les patrons osant justifier de telles différences en invoquant l’allocation touchée par les femmes de mobilisés. 

Même le maréchal Joffre mit en exergue le caractère décisif du rôle des femmes au travail en affirmant « si les femmes qui travaillent dans les usines s'arrêtaient vingt minutes, les alliés perdraient la guerre ».

Sur la photo, une jeune femme dont est souligné la maîtrise du geste, est en pleine opération de chariotage sur son tour. On peut voir les copeaux de métal que l'outil enlève à la pièce en rotation et on voit aussi les doigts abîmés, les ongles cassés, noircis de l'ouvrière qui porte néanmoins une fleur à la boutonnière de sa blouse !

16 avril 1918 - Bucy-le-Long - Position de batterie de 340 sur voie ferrée ; au 1er plan, obus de 340 ; au 2ème plan, une pièce.

#40.2

A l'autre extrémité des chaînes de production où des petites mains s'activent, ce sont leurs maris, leurs frères qui servent comme artilleurs. L'artillerie est l'arme maîtresse de la guerre au point que la production d'obus fut multipliée par vingt entre le début et la fin de la guerre.

On estime que, lors de la bataille de Verdun, plus que 150 000 obus étaient tirés chaque jour.

Ce sont ces incessantes avalanches d'obus, ces « orages d'acier » qui ouvrirent sur les champs de bataille, les portes de l'enfer.  Quand, dans l'épaisse fumée des explosions précédentes, on entendait le feulement sinistre de bombes qui traversaient le ciel, on savait venu le moment de prier et que la mort prendrait sans discernement tous ceux que le hasard ou le destin avait placé là, à tenir une position qui disparaitrait en un éclair dans une déflagration de fin du monde.     

La pièce la plus célèbre d'artillerie de campagne fut sans doute le canon de 75 léger, mobile; il pèse moins de deux tonnes sur son affut, a une portée de 10kms et permet une fréquence de tir de 6 à 8 obus de plusieurs kilos par minute grâce à un frein de recul hydropneumatique.  

Outre le chef de groupe, une équipe de six servants constituait une batterie: le tireur à droite responsable de l'ouverture et de la fermeture de la culasse déclenche le tir, à gauche le pointeur règle à la manivelle la hausse, le chargeur engage les cartouches dans la chambre, les autres  approvisionnent le chargeur en munition après avoir percé au débouchoir la fusée des obus afin qu'ils explosent à la bonne hauteur.

A l'opposé, on disposait aussi d'artillerie lourde avec de gros calibres comme ce canon de 340 monté sur rails. Sur la photo, l'un de ses servants pose assis à califourchon sur un obus ! 

Photos - Albums Valois -  Bibliothèque de Documentation internationale contemporaine (BDIC)