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Serbes - En route pour un camp autrichien.

#42.1

L'histoire française de la première guerre mondiale est dominée par le face à face entre l'armée allemande et les alliés le long du front occidental et donc essentiellement sur notre territoire national alors qu'on s'est battu avec autant d'âpreté sur le front russe et le front oriental. C'est d'ailleurs là-bas, dans les Balkans, haut-lieu de friction entre deux grandes influences rivales : le panslavisme et le pangermanisme, que tout a commencé.

Le 28 juin 1914, l'héritier de la couronne impériale d'Autriche-Hongrie, l'archiduc François-Ferdinand se rendit en voyage d'inspection à Sarajevo, capitale de la Bosnie. Celle-çi fut en 1908 officiellement placée sous administration austro-hongroise alors que sa minorité orthodoxe rêvait d'une scission et d'un rattachement à la Serbie indépendante depuis 1878.

C'est dans ce contexte de tension interne que se déroula cette visite; le danger était bien présent d'ailleurs l'archiduc lui-même le reconnaissait lui-même « Que voulez-vous, nous sommes en permanence en danger de mort. On doit faire confiance à Dieu».

Lorsque Cabrinovic, un activiste pro-serbe, lanca sa bombe sur le carrosse impérial et qu'elle rebondit sur une voiture voisine, l'archiduc put peut-être croire en une protection divine mais il commit l'invraisemblable imprudence de reprendre sa voiture découverte pour aller au chevet des blessés de l'attentat. Alors que celle-ci effectuait un demi-tour au milieu de la foule, un de ses complices, Gavrilo Princip, profita de la confusion pour tirer deux fois; le premier coup de revolver tua la duchesse, le second l'archiduc.

La mauvaise gestion de cette situation de crise conduisit à une déclaration de guerre entre l'Autriche-Hongrie et la Serbie; un ensemble de traités et d'accords de soutien militaire réciproque déclencha une escalade embrasant toute l'Europe.

Sur le front austro-serbe, les deux protagonistes à l'origine du déclenchement du conflit, se livrèrent des combats sans merci; les ressentiments des uns envers les autres entrainèrent de coupables exactions y compris envers les populations civiles.

On voit ici un convoi de prisonniers serbes en route pour un camp autrichien; l'extrême dénuement, l'abattement moral et physique de ces hommes se lit dans leur regard perdu et dans leurs efforts désespérés pour lutter contre le froid.

Avril 1917 - Noyon - Dans les casernes : prisonniers allemands de la classe 1918.

#42.2

Aux premiers jours d'aout 1914, ce sont trois millions cinq cent mille français et quatre millions d'allemands qui sont mobilisés. Les unités d'active sont constituées des hommes des classes 1911, 1912 et 1913 qui étaient en train d'effectuer leur service militaire mais sont aussi versés directement dans des unités d'actives les plus jeunes des réservistes (jusqu'à 30 ans). En effet, toutes les classes à partir de 1896 sont rappelées, y compris donc de hommes âgées de 38 ans qui composent des unités de réserves ou de la territoriale qui ne relèvent normalement pas des combats mais plutôt de la surveillance des installations, de l'intendance ...

Pour éviter la pénurie d'hommes, la classe 1914 est rapidement appelée par anticipation, deux mois avant la date prévue.

Ensuite, chaque année fut appelée une nouvelle classe, mais avec 11 mois d'avance pour la classe 1915 et plus d'un an et demi d'avance pour les classes 1916 à 1919 sur la date théorique d'incorporation. Ainsi, au lieu d'avoir 20 ans au moment de leur incorporation, les recrues, "les bleuets" n'en avaient que 18 ou 19 ans.

Ensuite, de manière aussi accélérée, les nouvelles recrues faisaient quelques mois d'instructions avant d'être envoyées au front.

Certains jeunes trichaient même sur leur âge pour être incorporé dans l'armée et suivre ainsi les traces de leurs pères. L'un deux, Jean-Corentin Carré natif du Faouët, un petit village du Morbihan, dans le centre de la Bretagne, a laissé sa trace dans l'histoire. Sous une fausse identité, il parvient en 1915 à se faire intégrer au 410e Régiment d’infanterie à Rennes où il retrouve ses compatriotes bretons.

Son courage le fit remarquer de ses supérieurs qui le montent en grade, le décorent de la croix de guerre. A 17 ans, il obtient de combattre sous son véritable nom, il obtient son brevet de pilote, rejoint l'aviation et est tué en opération le 18 mars 1918.

Sur cette photo, un groupe d'enfants-soldats allemands pour lesquels la guerre s'est terminée dans un camp de prisonniers. L'officier français en pelisse qui les toise pourrait être leur père ! 

Photos - Albums Valois -  Bibliothèque de Documentation internationale contemporaine (BDIC)